la carte postale du photographe Jean Gilletta (1856-1933)
Les prisonniers arabes de l'île
Sainte-Marguerite
note sur une carte postale datant d'après 1881
Michel RENARD
L'île Sainte-Marguerite est située juste en face la ville de Cannes, dans les Alpes-Maritimes. Avec l'île Saint-Honorat, elles forment toutes deux les «îles de Lérins». Depuis au moins 1841, et peut-être même 1837, Sainte-Marguerite a servi de centre de détention pour des prisonniers algériens que l'autorité coloniale faisait déporter pour des motifs principalement politiques.
Les sources archivistiques sont assez importantes, même si elles n'ont été que faiblement exploitées jusqu'à aujourd'hui. Par contre, les sources iconographiques sont plutôt rares. Une carte postale signée «édition Giletta, phot. Nice» fournit la légende suivante : «131. Iles de Lérins. Prisonniers Kroumirs, campagne de Tunisie, 1881». L'auteur de ce cliché est le photographe Jean Gilletta (1856-1933), qui connaissait bien la région, mais la mention qu'il fait figurer sur la photographie reste à vérifier.
Une autre source iconographique témoigne de la présence de détenus au début des années 1880 sans qu'ils aient été précisément identifiés. La trace de ces internés arabes peut être retrouvée aux archives départementales des Alpes-Maritimes (voir ici). Ce sont principalement des détenus algériens, auxquels se seraient peut-être ajoutés quelques tunisiens (?). Certains, parmi ces algériens, sont restés au moins jusqu'après l'été 1884.
En 1882, en effet, le ministre de la Guerre avait fait diriger 287 «indigènes algériens» vers le dépôt de Sainte-Marguerite. Parmi les détenus de cette dernière période, il y avait les condamnés pour l'insurrection de l'oasis d'El-Amri en 1876. Des prisonniers, originaires de Biskra, avaient déposé un recours en grâce qui fut refusé en 1883. D'autres encore étaient des «marabouts» kabyles : Cheikh Ali ben Cheikh (de Sidi Ali Ou Moussa) et Cheikh Kaci (mokkadem de Cheikh el-Haddad). Ces deux religieux reçurent la visite, partiellement autorisée, de parents à l'été 1884.
Michel Renard
cette édition de la carte de Gilletta propose une légende différente (et un cadrage plus
restreint), qui ignore totalement les personnages du premier plan pour n'évoquer
que le bâtiment au fond (...!)
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le cimetière musulman de l'île Sainte-Marguerite,
décembre 2004 © Michel Renard
Bonjour,
Pour ce travail sur les déportés Algériens et Maghrébins en Nouvelle-Calédonie, il faut se référer à la thèse historique et anthropologique qui a été réalisée par Dr. Mme Mélica Ouennoughi
dans le cadre de son doctorat qu'elle a soutenu à l'Université Paris VIII le 01 Avril 2004.
Inscrite au fichier national des thèses de Nanterre, en 1998, et réalisé essentiellement dans les archives et durant cinq années en Nouvelle-Calédonie, où elle se trouve actuellement en travaux,
elle a reçu les félicitations du Jury, dont figurait l'IRD-ex Ostom avec la mention très honnorable.
Pour la première fois dans cet ouvrage, le lecteur trouvera les sources archivistiques qui sont importantes et qui regroupent près de cinq cent noms des déportés algériens et maghrébins en général. L'OUVRAGE DE THESE A ETE PUBLIE CHEZ L'EDITEUR L'HARMATTAN EN Janvier 2006 et un second ouvrage en Algérie et au Maghreb est sous presse.
Les rushs qui sont à paraître prochainement, seront disponibles en plus de l'actuel repertoire généalogique des mouvements de déportés maghrébins qui représentent près de cinq cent noms inscrits pour la première fois dans l'ouvrage du Dr. Mme Ouennoughi Mélica.
Le nombre complet des déportés représentent un chiffre de près de 2000 Noms de déportés Algériens et Maghrébins entre la Nouvelle-Calédonie et la Guyane.
Tous ne sont pas en provenance de Kabylie et il faut parcourir les listes détaillés sur l'origine des noms et leur filiation parentale en Algérie pour voir qu'ils proviennent tous des régions d'Algérie et du Maghreb.
Une première stèle commémorative a été réalisée par l'Historienne spécialisée sur la question, au cimetière de Nessadiou à Bourail, avec l'ouverture des archives de la Mairie de Bourail à disposition pour le chercheur en travaux à la Mairie durant cette époque. Il s'agit des listes des décès des concessionnaires déportés maghrébins qui ont laissé une nombreuse descendance sur le territoire calédonien.
Autre point méconnu par les historiens :
l'Historienne a pour la première fois retrouvé les sources iconographiques des insurrections et de la déportation algérienne et maghrébine en Nouvelle-Calédonie.
La photo de son ouvrage en page de garde chez l'Harmattan provient de sa collection et pour ceux qui s'intéressent également au détail de cette photo, il s'agit de 12 TUNISIENS DEPORTES ET CONDUITS AU BAGNE CALEDONIEN lors de l'insurrection du sud Tunisien en 1881 ralliée à la cause du Hadj El Mokrani.
L'Historienne a étudié les lieux de l'insurrection et les causes relatives à leur insurrection, notamment le rattachement familial et leur généalogie ancienne qui confirme une appartenance culturelle avec les populations du Ziban en Algérie. Ces derniers insurgés politiques ont reçu le statut de droits communs contrairement aux insurgés du Hadj El Mokrani en 1871.
Leurs noms est inscrit dans les listes dans l'ouvrage et l'iconographie décrit leur séjour à l'île sainte Marguerite avant leur déportation retrouvée dans le bâteau nommé "LE CALEDONIEN" à partir de 1890.
Je vous remercie d'inscrire ces informations pour le lecteur en quête de connaissance sur les déportés en Nouvelle-Calédonie, ainsi pourra-t-il bénéficier des sources d'archives inédites dans mon ouvrage que vous pourrez consulter sur le site Etudes coloniales dont je remercie la belle présentation et les articles nombreux tant consultés ici en Calédonie et en Algérie.
Bien cordialement,
de la part du secrétariat du
Docteur Mme Ouennoughi
Historienne et anthropologue
Le Bagne des Maghrébins en Nouvelle-Calédonie. Commune de Bourail - Nouvelle-Calédonie.